L'AFRIQUE FRANCOPHONE: LA REVOLUTION DES SERVICES DU CLOUD LOCAL 100% AFRICAIN

28 juin 2022 par
L'AFRIQUE FRANCOPHONE: LA REVOLUTION DES SERVICES DU CLOUD LOCAL 100% AFRICAIN
Fabrice ADZRAKOU

Les technologies de l'information (TI) ont conduit à une autre révolution civilisationnelle, la révolution de l'information, après la révolution industrielle. Cette révolution de l'information nous a ainsi conduit dans le domaine du Cloud, qui a radicalement changé la donne à tous les niveaux, tant économique, social, politique que stratégique. Dans le prolongement de cette révolution, elle a stimulé la création de nouveaux modèles économiques, tout en permettant à plusieurs entreprises en moins d'une décennie, de passer du statut d'idées inconnues à celle de puissances incontournables du paysage économique.

Cependant, l'Afrique en général, et l'Afrique Francophone en particulier, semblent être très en retard dans ce domaine. Cette situation suscite des inquiétudes et des interrogations; elle a même été l'objet de plusieurs sujets de recherche et de thèses.

En réalité, les services du Cloud s'appuient sur la super puissance des ordinateurs qui sont le pilier de cette industrie incroyablement dynamique qui pèse pour près de 10 % du produit national brut de certains pays à l’instar des États-Unis, et dont l'économie est devenue en partie dépendante, dues aux améliorations rapides des technologies de l'information promises par la loi de Moore*.
Ainsi, le besoin de puissance de calcul à haute vitesse et haut de gamme ne cesse d'augmenter, rendant obsolète la façon traditionnelle de faire l'informatique. En effet, le besoin de puissance et de vitesse d'exécution des systèmes Informatiques croît proportionnellement aux investissements nécessaires pour atteindre les besoins en puissance attendus. De plus, dans la pratique, l'investissement est généralement dix, voire vingt fois plus élevé que le besoin attendu, introduisant ainsi d'énormes pertes en termes de retour sur investissement.
Si l'on considère les choses de manière rationnelle, le Cloud a pour but de fournir un informatique utilitaire. L'informatique utilitaire décrit un modèle commercial de fourniture de ressource informatique à la demande ; les consommateurs paient les fournisseurs en fonction de leur utilisation ("pay as you go"), de la même manière que nous obtenons actuellement des services auprès des services publics traditionnels tels que l'eau, l'électricité, le gaz et la téléphonie.

L'avènement du Cloud a non seulement révolutionné la façon de faire l’informatique, mais en plus, elle a ouvert un marché avec un énorme potentiel sur le continent Africain. Ainsi, le marché de la technologie de l'informatique en nuage en Afrique suscite beaucoup d'intérêt et de transactions, les acteurs se positionnant pour le boom des services de données. Au cours des quatre dernières années, les leaders de l'informatique dématérialisée se sont précipités pour développer des centres de données sur le continent africain. Cet intérêt pour le marché africain est marqué par le fait que non seulement l'Afrique n'a pas encore pris son plein envol dans ce domaine, mais aussi par le fait que, jour après jour, des données sont générées, des besoins se créent et les décideurs remettent de plus en plus en question la manière traditionnelle dont l'informatique était fait jusqu'à présent. Ceci démontre à n'en plus suffire l'importance des services du Cloud, mais aussi, démontre que ceux qui ne s'y sont pas préparés, risqueront d’être contraint par la force des choses.

Pour ce qui est des pays d'Afrique Francophone surtout, le cloud devrait permettre à ces pays de booster non seulement leurs économies, mais aussi leur développement technologique. Cependant, force est de constater que certains, sinon la majorité de ces pays, présentent des signaux qui laissent apercevoir deux axes d'analyse de la situation.

- Le manque de compréhension et d'intérêt des pouvoirs en place : Sur ce plan, très peu de nations d’Afrique francophone ont mis en place des outils réglementaires pour préparer le terrain à l'adoption du Cloud. Parmi ces outils réglementaires, nous pouvons citer les lois, les juridictions, le cadre normatif nécessaires à la préparation d'un terrain propice pour les services du cloud.
- La peur ou le manque de sécurité (confiance) vis-à-vis du cloud. Beaucoup de personnes à tort ou à raison, se disent que l'hébergeur consulte leurs données, et ce, à leur son insu. Beaucoup craignent que le cloud soit un moyen de contrôle. A ce sujet, des exemples fusent de partout, notamment avec les contrôles des communications par la NSA aux USA, les lois sur l'internet et les réseaux sociaux en chine, et beaucoup d'autres dans plusieurs autres pays.

Constatant ce vide, des entrepreneurs avant-gardistes ont fait des efforts dans cet environnement, pour combler le manque de Datacenter en Afrique Francophone. C'est par exemple le cas de ST Digital qui a ouvert en 2020 son Datacenter tiers 3 au Cameroun, devenant par cette occasion, le premier Datacenter neutre de la sous-région.

Le déploiement du Cloud Local 100% Africain permet ainsi de :

- Résoudre les inquiétudes liées au stockage des données à l’étranger et par des acteurs privés disposant de moyens financiers bien supérieur à grand nombre d’états.
- Assuré une proximité aux clients sur des domaines pointus et sensibles (données, sécurité, PCA)
- Assurer l’indépendance des états face aux problématiques liés aux données.


Si l’Afrique francophone traine le pas, il convient ici de dire que si nous n'allons pas vers le cloud, viendra à nous, ou du moins, le cloud s'imposera à nous, et certainement de manière très inattendue.

*La loi de Moore (qui est en fait une simple extrapolation) implique que les ordinateurs deviennent au fil du temps plus petits, plus rapides et moins chers, à mesure que les transistors sur circuits intégrés deviennent plus efficaces.


Ernest POLA FOKO
Consultant Senior à ST DIGITAL


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